Y a-t-il une épidémie d'obésité ?

L'affirmation selon laquelle il y aurait une "épidémie d’obésité" sous-entend que le nombre de personnes dites obèses serait en train de croître de manière exponentielle et que cela serait contagieux.

Et bien il faut que je vous le dise : les études ne confirment pas la première affirmation. Et la seconde est complètement débile. 


Aux Etat-Unis - là où l’expression est née - la majorité des gens ne pèsent que 3 à 5 kg de plus qu'il y a une génération. Oui, que 3 à 5 kg.


Et puis cette tournure donne l'impression que tout le monde a pris du poids.

Alors que les personnes les plus minces du spectre n’ont pas grossi, que celles du milieu n’ont grossi que de 2 à 3 kg et que ce sont les personnes les plus grosses du spectre qui ont le plus grossi, mais toujours rien d'incroyable : 11 à 13 kg.


Alors comment a pu naître ce discours si alarmiste ?


Les informations qui suivent sont extraites de 4 sources : l’étude What’s Wrong With the ‘War on Obesity" ? de Jane Taylor & Lily O’Hara (que je vous encourage tellement tellement à lire), l’étude The Epidemiology of Overweight And Obesity: Public Health Crisis or Moral Panic ? de Paul Campos, Abigail C. Saguy, Paul Ernsberger et Eric Oliver, le livre Corps rebelle de Gabrielle Lisa Collard et le livre Anti-régime de Christy Harrison.


En 1998, aux États-­Unis, les barèmes – basés sur l’IMC – qui séparent les personnes dites de "poids normal" des personnes dites en "surpoids" ou "obèses" ont été revus à la baisse, faisant ainsi passer des millions d’Américains de "normaux" à "en surpoids" ou "obèses" du jour au lendemain.


Ces barèmes ont été revus à la baisse par l’Institut américain de la santé (NIH) à la suite d’un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé, qui avait elle-­même basé le sien sur un rapport de l’International Obesity Task Force. L’IOTF, vous l’aurez vu venir, est un lobby financé par deux compagnies pharmaceutiques fabriquant des médicaments censés favoriser la perte de poids.*

Et magiiiie, peu de temps après la publication du rapport de la NIH, aux États-­Unis, le financement de la recherche sur l’obésité est passé de 50 millions (en 1993) à 400 millions (en 2004). J'imagine qu’à ce stade-vous aurez compris que faire de la grosseur une épidémie a été très lucratif pour de nombreuses entreprises.


Alors ce sont ces petites augmentations combinées aux positionnements arbitraires des seuils d'IMC qui donnent l’illusion d’une augmentation majeure du nombre de personnes “obèses”. Mais cette épidémie, elle n’existe pas et l'appeler comme ça est factuellement faux.


L’épidémie d’obésité se rapproche en fait bien davantage de la panique morale que d’un problème de santé publique. La formule est de Christy Harrison.


Et puis dans tous les cas, le vrai truc est de savoir si ces petits changements représentent une véritable crise sanitaire. Ce n’est vrai que si franchir le seuil de l'IMC 25 ou 30 revient à perdre en santé. Et là aussi, de nombreuses études ne sont pas du tout d’accord avec ce postulat-.
Mais ça c’est un autre sujet.

* Cette phrase est tiré de l'ouvrage Corps rebelle de Gabrielle Lisa Collard.

Primordial - Julia SH

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